LG Morin à l'Entre-Côtes
Les bonnes filières
" Chez nous, en Bretagne, dans les estuaires, on appelle filières les petits fleuves côtiers qui creusent leurs lits dans la vase et le sable à marée basse; et à marée haute, ils se jettent dans la mer, directement. Les filières sont dangereuses et fascinantes; elles s'effacent, se déplacent et sont trompeuses.
Quand la mer reprend le dessus, elles attendent leur heure. Elles ne lâchent jamais prise et rendent rarement leur proie". " Un paysage familier ne se voit plus ; l’habitude de le savoir ; sa présence amicale, ses odeurs, ses couleurs deviennent un décor quotidien.
On a beau l’avoir parcouru étant enfant , sautant d’un banc de sable à un autre, se tartinant de vase et se décorant d’algues, avoir galopé plus vite que le courant- des courses effrénées qui faisaient frémir nos parents, avoir pêché coques et lançons , en grandissant, on oublie de regarder".
" Le redécouvrir, ouvrir grand les yeux, mettre ses sens à l’écoute, en éveil de sensations ; humer le vent, iode et pestilence mêlés, trouver son orientation et deviner si la mer monte…Enfoncer ses pieds dans la vase, combattre son aspiration et laisser ses empreintes. "
" Prendre le sable par poignées et le laisser couler dans un rayon de soleil, compter ses grains, reconnaître leurs couleurs et penser aux rochers pulvérisés".
" S’user la rétine sur les reflets changeants de l’eau, sonder ses diaprés et pourquoi pas la goûter du bout de la langue".









