11 ème Anne Liardet & Alex Thomson (nc)
... pourtant la mer et moi, nous nous devons rien. Ha si, d'être encore en vie. "
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... pourtant la mer et moi, nous nous devons rien. Ha si, d'être encore en vie. "
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Pendant des siècles on n'a pratiquement fait aucune distinction, en ce qui concerne l'appellation, entre les divers habitants du Pays d'Olonne. Qu'ils fussent de La Chaume, des Sables, du Château ou de l'Ile d'Olonne, ils étaient tous d'Olonne, donc olonnais."
Au moment d'écrire ce texte, j'ai devant-moi ces excellents bouquins dont je vous conseille la passionnante lecture.
Histoire des Sables et du Pays d'Olonne de Pierre Lataste- Editions Siloë, Olonne berceau d'un pays de Xavier Ysiquel- Editions d'Orbestier, Bulletin Olona n°170 - du groupe d'études historiques et archéologiques- Castel Imprimerie Château d'Olonne, Numéro spécial la Chaume volet 1 - Bulletin de la société Olona, Instants d'éternité aux Sables d'Olonne - dePatrice Barraud et Chronique des casinos sablais - de Jeannine Hoffmann, avec la collaboration de Joël Perrocheau
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« Une mer poissonneuse, favorable à la pêche en eau profonde et à la cueillette des fruits de mer quand la marée descend. Une côte où alternent les sables et le rocher, avec des estuaires ou « havres », permettant la pénétration des bateaux assez profondément dans les terres».Pierre Lataste
Cela fait, au moins 7000 ans que l’homme vient à la pêche sur cette plage (plage des Granges sur la pointe nord de l’île Vertime). Les mégalithes (menhirs) que l’on trouve au château (bien nommé) de Pierre-Levéenon loin du bourg d’Olonne ou sur l’île même, au lieu-dit « la conche verte », sont les derniers témoins de cette occupation. Autre vestige surnommé le Fossé des sarrasins : une longue tranchée aux trois quart comblée, probablement fortification néolithique (3500-2000 avt. J-C.) ayant protégé et délimité à l’est le Pays d’Olonne.
C’est l’époque du culte des ancêtres et de la vénération des éléments naturels (terre, ciel, astres, forêts, mer…). Une époque révolue, mais pour combien de temps encore ? L’époque à laquelle les hommes commenceront à enterrer leurs morts, dans le recueillement et le respect. Sur nos terres, c’est aussi la naissance de l’art. Un début de civilisation qui mit des centaines de milliers d’années à prendre forme. Les moines catholiques du siècle zéro, mettront 300 ans pour briser cette coutume et envoyer des millions d’hommes se chamailler autour de saintes reliques. Héritiers des druides, les moines perpétueront la superstition pour dominer les hommes.
On savait depuis longtemps que la meilleure façon pour prendre la place de quelqu’un, c’est de lui mettre un grand coup sur la tête. L’âge du fer va singulièrement étayer ce point de vue et faciliter les invasions meurtrières base de notre civilisation mondiale. Comme presque toute la Gaule, le Pays d’Olonne est alors celtique(touristes indo-européens arrivés par le sud-ouest de l'Allemagne). Parmi les 300 clubs gaulois, les pictons, tel les nomme Jules César, lors de leur séjour dans le bas Poitou, s’installent sur le littoral et créent Olonne (Olona), Brem (Bram), Talmont (Talamum)… Renommés (on ne dit pas encore baptisés) Agenisates Combolectri, nos ancêtres olonnais menés par leurs druides omniprésents et omnipotents développent une civilisation rurale et extraient à la fois, le premier sel de la mer et le havre d’Olonne du néant, donnant par la même à autrui deux bonnes raisons de leur mettre un grand coup sur la tête.
Ce que ne manquera pas de faire la toute puissante Romequi viendra à bout des derniers pictons (valeureux mais divisés en clans, ne tombons plus dans ce piège) et de leur chef Vercingétorix dans les années 50 avant Jésus Christ. Dans le Pays d’Olonne (comme ailleurs) la « Pax Romana » est plutôt une bonne chose, synonyme de paix et de développement pendant deux siècles et demi. L’occupation des Celtes, en leur temps, ayant laissé le même sentiment nous voilà aux portes brûlantes des « bienfaits » de la pensée unique, fascisante ou communiste. Portes que nous ne franchiront évidemment pas, persuadés encore qu’après 1,5 million d’années de barbarie, l’homme peut comprendre un jour que l’on ne grandit pas en tuant mais en faisant naître. Rome finira par le comprendre, plantera la vigne et signera sa fin.
C’est pendant toute la période romaine que les marais salants (et les vignes) du Pays d’Olonnefurent développés, pour ne pas dire créés ! En effet, on passait du stade d’auto alimentation gentillette à la papa (datant du néolithique, Vème millénaire à Sumer et en Egypte, beaucoup plus tard en europe) à celui de la vente et de l’exportation d’une production essentielle à la vie humaine : le sel. Mais la science romaine n’aurait pas suffi à atteindre seule ce résultat formidable (le sel sera le poumon du Pays d’Olonne jusqu’au début du XXème siècle) et il fallut tout le bon sens paysan probablement local, pour parfaire la technique d’extraction du sel jusqu’à celle encore en usage de nos jours (utilisation des marées et de la gravité naturelle pour remplir les bassins et éviter le pompage et le portage de l’eau).
« Désormais englobé dans le Pays d’Herbauges, dont Herbadilla, la capitale, aurait occupé l’emplacement actuel de Jard, le Pays d’Olonne, comme le reste de la région, est intégré à la vaste province romaine d’Aquitaine. Mais la relative paix romaine va se trouver considérablement perturbée avec l’introduction du christianisme et les diverses invasions barbares » Pierre Lataste.
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Comme Rome, ce bon sens paysan (de païen) succombera néanmoins à une invasion plus insidieuse, celle du christianisme. Il réussira à passer du statut de secte de seconde catégorie à celui de religion officiellede l’Empire Romain. Et avec des tous petits moyens s’il vous plait ! Quelques ex ou futurs martyrs en guenilles, distribués çà et là dans les campagnes. Pendant des siècles en Pays d'Olonne, ni les invasions barbares, ni les «poison parties » des dynasties carolingiennes et mérovingiennes autour des partages du royaume de Clovis roi des Francs, n’altèreront la calme subsistance du Pays d’Olonne, assujetti « seulement » aux pillages réguliers des Bretons et surtout, plus tard, à ceux persistants des Normands (Vikings). Le christianisme grandit dans le terrain fertile des blessures, de la pauvreté et de la peur. Dès le IVème siècle après J.-C. Saint Vivent, depuis le menhir de la Conche verte situé sur l’île Vertime dont il se serait fait domicile, convertit furieusement le Pays d’Olonne. Ses reliques sont encore visibles à l’église d’Olonne. Au IXème siècle, si Charlemagne, empereur d’Occident, roi des Francs de 814 à 840 reste discret dans le district, son fils, Louis le débonnaire, aura la lumineuse idée de nommer les comtes d’Herbauges, premiers petits barons d’Olonne chargés de défendre la côte. En 853 les Vikings sont enfin battus à Brillac. Mais c’est seulement en 911 que le traité de Saint-Clair-sur-Epte délivre définitivement la région de la menace normande. Il n’avait plus rien à y voler : la région est exsangue. Le peuple meurtri, amoindri, (à qui il ne reste plus que la foi chrétienne pour lui expliquer l’éloge de la pauvreté et de la culpabilité tout en bâtissant la première fortune patrimoniale du monde moderne) a pris l’habitude de se réfugier autour de places fortes, sous la protection des seigneurs. Le Château de Talmont sera édifié en 1020 par Guillaume Le Grand, Duc d’Aquitaine. Des puissants entretenus par des pauvres en échange de leur protection (assurée par leurs propres enfants enrôlés bon gré, mal gré dans des armées de métier prêtes à bondir au moindre caprices ou disputes de famille). En récompense de guerre ont leur construit des églises qui prônent la pauvreté et l’obéissance. Tous les ingrédients sont réunis pour installerle cœur du système féodal. Ce « cœur » survivra à la féodalité et battra encore dans le monde entier jusqu’à la fin du XXème siècle.
« L’aristocratie veille à l’entretien matériel des moines par des donations de tous types. Les châtelains ne demandent en retour que l’exécution de prières pour eux et leur famille. Cet accord tacite avec les moines permet l’acquisition d’une légitimé religieuse au lignage et force le respect aux yeux du peuple » Xavier Yziquel.
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Et il va en pleuvoir des flèches et des boulets, des châteaux et des abbayes, des monastères et des prieurés, des chapelles et des églises. Et tout çà (hormis les châteaux) pour ce brave peuple concentré sur sa survie menacée en permanence par toutes les petites chamailleries sanglantes entre les seigneuries avoisinantes. Ha, c’est si dur le voisinage ! La phrase de Xavier Yziquel (citée ci-dessus) sonne comme une équation mathématique. Changez la variable « châtelains » par les noms des grandes Familles de France, d’Angleterre ou d’Autriche et la variable « moines » par différentes et concurrentes obédiences religieuses, dont le protestantisme, gardez la constante « aux yeux du peuple » et vous pourrez décliner toute l’histoire de France jusqu’à la révolution.
Au top de ces alliances entre puissants et moines, en Pays d’Olonne : l’église bénédictine et les comtes de Poitiers. Ces derniers de père en fils, deviennent bientôt ducs d’Aquitaine, ancienne province romaine, qui, avec ses deux capitales Bordeaux et Poitiers, sera l’une des plus prestigieuses provinces de l’Occident. En 1042, Guillaume le Chauve dépossède le prêtre d’Olonne au profit de l’abbé Vital de Sainte-Croix de Talmont. Grâce à ses larges revenus ce dernier construit le Prieuré Sainte-Croix d’Olonne, au pied et à la sandale de l’abbaye mère située à Talmont. La dot du prince est si démesurée qu’elle attise les jalousies avec le prieuré voisin (abbaye de Vendôme). Les deux prieurés vont se crêper la tonsure pendant un siècle et demi, à tous propos (d’argent bien sûr) : acquisitions nouvelles, perception de dîmes, droits sur les Salines, etc…
« Les moines, voués à la pauvreté et au service divin, n’en sont pas moins d’âpres défenseurs de leurs intérêts matériels ». Dieu merci ils finiront par se mettre d’accord en se partageant gentiment les offrandes des marins, un des revenus les plus importants. Et quand, plus tard, ces mêmes braves marins réclameront une chapelle perso à la Roulière " l'abbé de Talmont et le curé d'Olonnerefusent conjointement pour éviter la dispersion des offrandes des fidèles". La paix monastique sera de courte durée, L’abbaye d’Orbestier (Château d’Olonne) et celles de Boisgrolland(Le Poiroux) convoîtent à leur tour les richesses de l’abbaye mère, etc…
En 1152, la duchesse Alienor d’Aquitaine, quelques semaines après avoir été répudiée par son ex-époux, le roi de France Louis VII, épouse en secondes noces Henri Plantagenêt, duc de Normandie et comte d’Anjou, futur roi d’angleterre. Ça sert les relations tout de même ! C’est ainsi que le Pays d’Olonne louvoiera entre les nationalités anglaise et française pendant deux bons siècles. Rendons-lui grâce, trop occupée par son vaste domaine, Aliénor d’Aquitaine ne se sera finalement que très peu occupé du Pays d’Olonne dispensant tous pouvoirs à ses barons et évêques. Son fils par contre, Richard 1er Cœur de Lion, roi d’Angleterre (et du Pays d’Olonne) de 1189 à 1199, inventera de son côté les « congés payés » en se faisant construire une petite villa sympa du côté de la baie de Cayola. Ca ne s’invente pas.
Vive le tourisme, il en profite pour rebâtir le château de Talmontqui devient la plus importante forteresse du littoral entre Loire et Charente, sans oublierde « poser une petite abbaye sur la rue de la Paix » à Jard, pour des moines de l’ordre des Prémontrés, des bons copains à lui.A la mort de son fils, Alieanor qui décidément ne s’intéresse pas ou prou au Pays d’Olonne, échange à Savary de Mauléon la principauté de Talmontcontre ce qu’il lui restait comme titres sur La Rochelle. On s’arrange toujours entre gens de bonne…foi, le "monopoly" n’a rien inventé.
Et Savary de Mauléon n’en manque pas de foi ! Il décide d’allerexpliquer ça aux arabes et rentre en croisade en 1218, les enfants du Pays seront bien entendu conviés au voyage, meurtrier mais saint, et si efficace aux yeux de l’église, pour distraire les jeunes seigneurs devenus trop ambitieux, trop riches et surtout trop nombreux. Avant son départ, Momo« offre » aux moines de Sainte-Croix de Talmont tout ce qu’il possède comme terre à la Chaume (et deux foires annuelles) " afin qu’il y soit développé un véritable ensemble urbain". En outre, il offre, sur le côté sud du havre d’olonne, un terrain pour y fonder une ville neuve… La ville des Sables d’Olonne était née. Deux siècles durant elle ne restera pourtant qu’un petit port dont le faible tirant d’eau du chenal interdit l’accès aux grands vaisseaux. La pêche s’y développe modestement, les baleines, alors fréquentes sur nos côtes, régalent les moines (privés de viande par confession) qui s’en réservent généralement les meilleurs morceaux (queue et épaule). Pour le petit peuple le hareng fait un malheur. Les besoins en sel croissent proportionnellement à la démographie européenne doublée en 3 siècles. Hélas, de part sa double appartenance aux royaumes de France et d’Angleterre, le Pays d’Olonne, comme le Poitou et tout le reste de l’Aquitaine, souffrira particulièrement de la Guerre de Cent Ans (destructions, pillages, famines, épidémies). Pour la deuxième fois de son histoire (après les invasions viking) il se retrouve exsangue.
La destinée du Pays d'Olonne et d'Olonne en particulier, basculera sous le règne de Louis XI (1461-1483) qui confie la principauté de Talmontà son proche conseiller Philippe de Commynes. C’est ensemble en 1472 qu’ils « examinent, sur place la situation fort médiocre du port de Talmont, qui s’envase progressivement et celle du petit port qui existe depuis longtemps sur Les Sables en face de la Chaume et qu’on aurait grand intérêt à développer ». La construction de murailles protégeant ville et port est confiée aux paroissiens d’Olonne et de la Chaume « en échange de leur affranchissement de toutes tailles et autres subventions mises et à mettre en son royaume ». L’ordonnance royale accordait cet avantage à vie, la chambre des comptes jugera plus « raisonnable » de l’entériner pour 20 ans seulement. Il n’y a pas de petites économies !
Ce XVème siècle connaîtra la plus forte croissance des besoins européens en sel. L’Angleterre et l’Allemagne ayant choisi d’autres options de développement économique, le « sel de la baie », baie atlantique dont faisait partie le Pays d’Olonne, devient le premier exportateur de sel d’Europe. Les moines, amasseront habilement une véritable fortune avec la vente du sel. « Les abbayes se partagent les salines au gré des donations. Au XIVème siècle les moines de Sainte-Croix d’Olonne possèdent 180 aires de salines à Champclou. Ils sont les grands vainqueurs de cette course à l’or blanc ».
Pourtant le clergé va à son tour être secoué par les guerres de religion. Un schisme religieux né en 1517 en Allemagne avec Luther et porté en 1534 à Poitier avec Calvin, sous le nom de Réforme, va de nouveau faire couler le sang dans les marais. « L’église catholique est vivement contestée. Nombre de lettrés, clercs ou laïcs, expriment le désir de revenir à une église évangélique épurée de ses ajouts séculiers ».Le R.P.R. (Religion Prétendue Réformée) reproche à l’autorité pontificale et à sa cour hiérarchique toute entière « d’être compromises par la pratique abusive des indulgences ». Les progrès du protestantisme resteront limités. Les seigneurs olonnais y voient l’opportunité de récupérer leurs biens aspirés par l’église catholique grâce à leur « laïcisation » proposée par la Réforme. (Ce coup-ci, cela ne marchera pas, il faudra attendre de refaire un coup plus malin à la Révolution). Les vœux de simplicité et de dépouillement annoncés par ces nouveaux prêtres sont plutôt de bon goût mes seigneurs ! La Rochelle, Olonne et la Chaume (qui vient de construire Les Sables) passent au protestantisme pendant que Les Sables, qui viennent de naître des « miracles » du pouvoir bénédictins en place, restent, évidemment, catholiques. Après tout, une bonne lutte religieuse et fratricide, ça a toujours fait oublier la faim… L’édit de Nantes (1598) ni changera rien (hormis la construction d’un temple protestant aux Chaumois), et il aura fallu se battre près d’un siècle, avant que le duc de Soubise en 1622, à la tête d’une armée de protestants, pille Les Sables, avant que le comte de La Rochefoucaud prenne à son tour le Château de La Chaume aux protestants, avant que Louis XIII en personne et ses troupes royales réduisent Soubise à Saint Gilles, avant que l’église d’Olonne soit brûlée, avant que le temple protestant de la Chaume ne soit fermé puis définitivement détruit en 1665 (la liberté du culte ne sera rétablie qu’en 1787 par Louis XVI et ça ne lui portera pas chance !).
Fin de la parenthèse Réforme, sauf pour les olonnais qui seront encore, pendant six longues années, régulièrement recrutés pour alimenter les combatscontre les protestants résistant à La Rochelle (1628). En ces temps-là, valait mieux demander qui était le chef-du-jour avant que de taper sur quelqu’un ! Des combats menés par la main du nouveau maître local, le jeune Armand-Jean Du Plessis (1585-1642), âgé de 22 ans, futur cardinal duc de Richelieu. Nouveau style, nouvelles vibes, exceptionnellement présent et alerte dans son diocèse, Richelieu évêque de Luçon, laissera un très bon souvenir, et fera plein de choses bien : restaurer le palais abbatial, fonder un séminaire réputé à Luçon, fonder aux Sables sa nouvelle paroisse Notre dame de Bon-Port (indépendante de celle d’Olonne), écrire des tas de bouquins intéressants : Brève et facile instruction pour les confesseurs, L’instruction du chrétien, le Catéchisme du diocèse… Très sport, Richelieu en profite pour unifier les coutumes maritimes de la façade atlantique, au profit de son diocèse, bien sûr. Il finira ministre, bien sûr.
Et quel ministre intègre ! Un pur étalon du binôme Pouvoir/Clergé. « D’une manière générale, Richelieu s’attaqua à tout ce qui pouvait faire obstacle à la puissance royale, et c’est ainsi que, pour éviter qu’elles ne soient utilisées par des forces rebelles, il fit démanteler la plupart des places fortes dont les troupes royales n’avaient pas l’utilité. Parmi bien d’autres, le château de Talmont et celui d’Olonne ». A l’époque les plans sociaux n’existaient pas. Le Cardinal Richelieu venait d’inventer la centralisation. Merci. Seul bémol, en faisant disparaître dans son petit chapeau, les vieilles traditions d’amirautés patrimoniales (droits d’ancrage, de débris…) il avale du même coup de substantiels profits pour les Seigneurs d’Olonne et de la Gachère. Et « ça va pas l’faire ». Le siècle de reconquête catholique sous Louis XIV (le lumineux), incarné dans le Pays d’Olonne par le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge écrit, chanté, mimé et hurlé par le Père de Montfort(1673-1716) entraînera le peuple dans sa béatitude, mais ne fera qu’attiser la vengeance de la noblesse provinciale et de la nouvelle bourgeoisie locale (ceux qui s’étaient renseignés de savoir qui était le chef avant de taper) plus préoccupées par leurs pertes financières.
En plus, les affaires vont mal, le port s’ensable. De gros travaux occuperont les olonnais des Sables et de la Chaume (unifiés en 1754) pour viabiliser le port et les quais : construction d’un premier remblai (1751-1756), de la jetée Saint-Nicolas 1764-1765), de la grande jetée (1768-1780), du quai de la Chaume (1782 à 1789) et de nombreuses routes. Des travaux alors menés par le comte de Blossac. Malgré celà les travaux arrivent trop tard. L'état, proie de tous les dynasties cousines et frontalières appâtées par les somptueuses promesses royalistes) lève impôts sur impôts, la misère s'installe et avec elle évidemment la délinquance au point d’entraîner la création d’une « garde bourgeoise ». Anglais et corsaires anglais, terrorisent et pillent les côtes. Dans cette époque de disette, certains s’enrichissent pourtant comme Luc Pezot (bâtisseur du château de Pierre-Levée 1775), d’autres s’investissent pleinement dans la vie publique comme Joseph-Marie Gaudin qui, occupant plusieurs titres administratifs locaux, départementaux et nationaux pendant toute la période à hauts risques de la révolution, saura toujours pondérer, rappeler à la sagesse, sacrifier à l’intérêt public et cerise sur le gâteau : sauver sa tête.
« Les moines se sont constitués tout au long du Moyen Age un solide patrimoine. Nombre d’héritiers cependant attisent dans l’ombre leur rancœur de s’être fait délester d’une partie de leur domaine par les religieux ». Il était temps de demander… au peuple ! …de faire… la révolution ! Ce fut fait et le 2 novembre 1789, l’Assemblée Constituante décide la vente aux enchères, au profit de la nation, de tous les biens du Clergé. Un décret appliqué aux Sables en juin 1790, Jean-Marie Gaudin est élu maire des Sables l’hiver suivant. Ce coup-ci, ça va marcher. Des biens évidemment aussitôt rachetés par la bourgeoisie, chef d’orchestre de la sérénade, on l’avait compris. La fuite du roi Louis XVI et sa capture à Varennes vont mettre le feu aux poudres. Nombreux foyers de résistance à la république sont constitués. L’attachement crédule (fidélité) du peuple pour ses prêtres complique sensiblement les choses. L’enrôlement des jeunes pour le casse-pipeaux frontières en rajoute pas mal. Malgré cela, les olonnais, de leur côté traverseront toute la période révolutionnaire en républicains exemplaires, s’entretuant avec les plus faibles d’entre eux, enrôlés dans l’insurrection par quelques héritiers amers ou/et prêtres dépossédés, par conséquent réfractaires (Guerres de Vendées 1793/1796).
Dans cette bataille orchestrée et sanguinaire, le Pays d’Olonne à son martyr : le citoyen Chataigner, fusillé pour avoir refusé la trahison. « Olonne reste acquise à la révolution tout le temps des guerres de Vendée. Il est toujours difficile de mesurer le degré d’attachement réel, c'est-à-dire en dehors des pressions extérieures. Les souffrances endurées semblent ne pas avoir eu raison de cette fidélité ». Et des souffrances il y en aura : pauvreté, famines, insécurité, propagande anti révolutionnaire implacable : « tous les hommes, femmes et enfants qui ne se rendront pas en les 24 heures de la présente proclamation, de tous les bourgs, villes, villages, métairies et fermes qui avoisinent Les Sables, à l’armée catholique et royale campée à Grosbreuil, seront traités en républicains : eux, leurs femmes et enfants tués, leur bétail enlevé, leurs maisons brûlées ». Signé Duchaffaud pour le général Joly. (pas joli-joli !)
Le 9 octobre 1799, le coup d’état du 18 brumaire porte au pouvoir le général Bonaparte. L’obéissance du pays d’Olonne aux institutions sera sans faille pendant tout l’Empire. Dès la seconde restauration « Le clergé, évincé par la Révolution et tenu en bride par l’Empire, prend désormais une importance nouvelle et se préoccupe tout particulièrement de fonder des écoles qui lui permettront de regagner ses positions perdues ». En 1815, les religieuses de la Sagesse créent une école primaire de filles aux Sables, l’année suivante ce sont les ursulines de Chavagnes, fondées par le père Baudouin qui installent un pensionnat de jeunes filles…
En 1818, Joseph-Marie Gaudin meurt dans l’ancien Capucins des sables, devenu sa propriété. « Disparaît avec lui un personnage très remarquable de l’histoire des Sables et du pays d’Olonne en une période particulièrement agitée. La mort de Joseph-Marie Gaudin marque la fin d’une époque, car même si la monarchie, la noblesse et le clergé paraissent triompher avec la Restauration, l’Ancien Régime est pratiquement mort. La révolution et l’Empire l’ont abattu et, lentement, avec bien des bouleversements, mais qui n’auront jamais la violence de ceux de la Révolution, se met en place une nouvelle société ». Pierre Lataste.
C'est pas gagné.
(en cours d’écriture)
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................................................................................................................................ le sel, à qui le Pays d’Olonne doit tout. Aux Sables, sa réputation momentanée de premier port morutier de France.
Le sel que la vase dans les marais, la concurrence du Sud de la France et le développement du train de marchandise va faire fondre,
comme un grain de sel… sous la pluie.
(en cours d’écriture)
...
... pour une nouvelle édition du Vendée Globe.
*fin*
L'allégeance de la ville des Sables au pouvoir en place a toujours été un modèle du genre. On baptisera et débaptisera les rues et les places, au fil des événements historiques.
Successivement : la monarchie, la république, l'empire, la monarchie, l'empire, la monarchie, la république, l'europe.
Les héros sont fatigués. Qui veut encore jouer les pantins ? Qui veut encore monter dans la Charette ? Marionnette aux fils tendus et coupés au gré des fortunes ammassées par les moines puis redistribuées aux riches par la révolution ?
Joseph Marie Gaudin (1754-1818), élu maire des Sables en 1790 (!), fut un Grand Homme. Pondérateur et sage, il parvint même à sauver sa tête dans une période particulièrement... décoiffante. Il est aux yeux des historiens LA figure emblématique du pays d'Olonne. Pourtant son nom n'est pas dans le dictionnaire.
Celui de François de Charette de la Contrie l'est, lui, dans le dictionnaire. Mais ça lui fait une belle jambe.
Depuis moins d'un an, Caroline Pottier a installé sa galerie d'art photographique au coeur de la Chaume. Un jeune bébé déjà barbu, puisque l'aventure du collectif qu'elle incarne aux Sables, commence à Paris il y a vingt ans déjà. Nous lui laisserons le soin de présenter son initiative elle-même dans la deuxième partie de cette note.
Il nous appartient juste de souligner à quel point l'existence de ce lieu de découverte et de partage est précieuse pour la rive gauche et les Sables. En effet, depuis bien des années nous constatons la grande fragilité des galeries d'art. Aussi nous devons-nous d'encourager par nos attentions et nos achats cette initiative... lumineuse.
La photographie est un art jeune et plein d'avenir. L'année 2007 l'a consacrée enfin au travers de maintes expositions nationales et internationales. Les Sables d'Olonne regorgent de talents, professionnels ou amateurs, et c'est tout naturellement que plusieurs manifestations sont actuellement en préparation, pour hisser notre ville dans le lot des hauts-lieux photographiques du pays. Dans ce contexte, le phare boréal apparaîtra bientôt comme le chantre de l'art photographique en pays d'Olonne.
Bon vent à Caroline Pottier et ses amis.
" Depuis 20 ans, le bar Floréal photographie, poursuit une aventure où se mêlent interrogation et célébration du réel, aventure intime et aventure collective: projets, reportages, ateliers, expositions, livres, galerie au coeur du quartier de Belleville, tout cela en relation étroite avec l’atelier de graphistes. Nous travaillons ensemble. Avec cette conviction forte que faire des photographies est utile.
Les 12 photographes associés* ajoutent au questionnement du monde celui de leur pratique de photographes: donner du sens à leurs images, maîtriser leur devenir, les rendre au plus juste aux personnes photographiées, ne pas prendre des photographies mais les partager.
Et ne jamais oublier le bonheur d’être là, dans la lumière, au milieu du monde "
*Bernard Baudin, Jean-Christophe Bardot, Sophie Carlier, Hervé Dez, Eric Facon, Marc Gibert, Alex Jordan, André Lejarre, Olivier Pasquiers, Caroline Pottier, Nicolas Quinette, accompagnés de Frédérique Mangin (iconographe), de Fouad Houiche (laboratoire argentique et numérique), et de Cécile Lucas (chargée de projets).